jeudi 11 octobre 2007

Le dernier repas

Lundi midi, Ludo m'a invité à manger chez lui.
Comme il déménage d'ici peu, c'est la dernière fois que je passais la porte de son immeuble. Je me rappelais encore du code, mais dans le désordre, et j'ai dû appeler Ludo pour me le faire préciser.

L'ascenseur est toujours aussi petit, les escaliers tournent inlassablement sur eux-même observés par les fenestrons des wc.

Le repas n'était pas prêt, et nous avons discuté pendant que le saucisson plongeait dans le bouillon à côté des pommes de terre et de l'oignon piqué aux clous de girofle.

Le divan venait de quitter l'appartement juste avant mon arrivée. Je ne verrai donc plus sa pelouse verte et fournie. Il reste les photos et le souvenir de quelques ébats à cet endroit. Le lit, défait dans la pénombre de la chambre, semblait vouloir m'attirer. J'ai résisté.
Les nains de jardin montaient la garde de part et d'autre de la cheminée, gentiment installés sur leur carré de gazon maudit fleuri.
La télé avait suivi une bonne cure d'amaigrissement et était devenue toute plate. Son image était, heureusement, de bonne qualité.

Nous avons pris l'apéro avec des olives piquantes et un liquide jaune sans alcool.
Puis, les nouvelles se sont croisées, échangées, racontées. Que deviens-tu ? Que vas-tu devenir ?

Le saucisson et les patates ont été recouverts par la salade dans nos assiettes. Le yaourt a coulé son onctuosité jusque dans nos estomacs. Le café est venu recouvrir le tout.

Avant de partir, Ludo a voulu me donner une de ses plantes carnivores. La saracénia de la fenêtre de la cuisine m'a donc raccompagnée dans un sac en plastique. J'ai beaucoup apprécié ce don. Ludo sait combien j'aime les plantes carnivores et ce cadeau est une nouvelle preuve de sa gentillesse. D'ailleurs, en y repensant, toutes les plantes carnivores que j'ai viennent de chez lui.

Nous nous sommes dit au revoir, en souhaitant nous retrouver à Strasbourg où il a dégotté un appartement tranquille. Je ne lui ai pas dit la phrase que j'avais préparé, me rendant compte que cela ferait de cet instant un adieu qui n'en est pas un. Et je lui avait déjà dit que ces quelques mois que nous avions passés ensemble avaient été tout à fait formidables et que je ne regrettais rien de ce que nous avions vécu alors.

Je garde pour moi et en moi plein de bons souvenirs et même plus.

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