samedi 14 janvier 2012

Homophobie ordinaire

Nous étions gentiment attablés à boire un café ou un chocolat dans la salle de pause de mon boulot. Que des hommes plus une femme mariée. Jeunes encore pour la plupart, je suis le plus âgé de ce groupe de huit personnes. La discussion porte sur le travail, ça badine tranquillement.
Je ne sais plus ce qui se disait lorsque M lâche "pas de phoque chez [nom du client]". S'en suivirent une discussion et une information sur l'écriture du terme phoque, que je voulais faire commencer par un F, et une explication wikipédienne de l'expression qu'un collègue, qui n'est sûrement pas de la jaquette, a donné sans complexe.

Sur la Rance, phoque en vacances.
M exprimait ainsi son aversion pour les pédés qu'il n'imagine pas pouvoir côtoyer dans son travail. Il voulait illustrer l'idée que n'importe qui ne pouvait entrer dans son équipe et travailler avec lui.
Les uns et les autres ont souri.

Voilà une expression courante de l'homophobie, utilisée lorsqu'il faut mettre quelqu'un au ban, lorsqu'il faut écarter avec mépris ou répulsion.
Dans le même genre, on pourrait penser aux femmes, aux personnes de couleur, aux ethnies différentes, aux petits, aux gros, aux grands.
Que penserait M si on lui disait "pas de bougnoules dans mon équipe ?", lui qui se demande s'il est Français. Il serait en droit de crier au racisme. Mais là, personne ne crie à l'homophobie. Parce qu'on trouve cela ordinaire, même si l'idée d'une tolérance possible fait son chemin.
Le phoque et ses représentations restent associés aujourd'hui au rejet, au mépris, à la honte. Le chemin va encore être long et difficile pour que cela change.

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