mercredi 6 mai 2009

Objectif 70

Une bonne partie de l'après-midi d"hier fut consacrée à l'écoute attentive de la lecture de notre arrêt de mort.
Cela se passe dans la boîte qui m'emploie.
L'équation est très simple pour les responsables : il faut produire à meilleur coût pour augmenter le profit.
Dans mon métier, les coûts provenant pour une grande part des charges salariales, plutôt que de baisser les salaires, ce sont les ressources employées qui vont changer. Les ressources ne seront plus basées en France, mais dans un pays africain ou asiatique. Le travail ne se fera plus en France, mais, par exemple, au Maroc ou en Inde.
Toutes les nouvelles production doivent être produites à 70 pour cent, au minimum, "là-bas". De plus, les productions actuelles doivent aussi être produites "là-bas".
Mais que deviennent alors les ressources "ici" ? On va les requalifier, les déplacer, voire les déqualifier. Elles feront autre chose, elles feront un autre métier.

A la question du devenir des personnes dont le travail aura migré dans un pays émergeant, le très beau parleur a répondu, en prenant quelques détours, que ce n'était pas son problème, que sa responsabilité est de faire augmenter la profitabilité.

La délocalisation tant redoutée est donc maintenant à notre porte. D'ici la fin de l'année, 400 personnes n'auront plus de travail "ici". Que deviendront-elles ? Seront-elles licenciées ? Seront-elles acculées à la démission par des pressions et des brimades (on nous annonce des déplacements longue durée à des centaines de kilomètres du lieu de vie) ?

Ce qui est bluffant, estomaquant, c'est l'aplomb avec lequel ceux qui mettent ce système économique en place se rient de l'humain, se moquent des conséquences directes et indirectes. Ils affichent un bel optimisme, ils sont même heureux d'obéir aux ordres qu'ils ont reçus en provenance directe des gros actionnaires. Ils estiment opérer un formidable projet de transformation qui profitera à la société qui les emploie. Sourires et dents blanches. Certains collaborateurs sont tout autant enthousiasmés et trépignent au mot "transformation".

"Science sans conscience..." L'âme des ces responsables doit être morte depuis des siècles. Leur seul objectif est la rentabilité de l'objet qu'est une boîte. L'entreprise aussi est morte lorsque le facteur humain est devenu une ressource tout comme un kilowatt ou une ramette de papier.

Dure sera la chute.

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