samedi 25 avril 2009

Jean qui rit, Jean qui pleure

Il est des personnes qui savent récolter se qu'elles ont semé, ou qui n'aiment pas qu'on leur fasse ce qu'elles nous font.

Les portes étaient fermées lorsque je suis arrivé pour la répétition de la chorale en début d'après-midi. Quelques femmes étaient assises sur les escaliers et je leur dis un bonjour auquel elles répondirent. L'une d'elle y alla ensuite d'une réflexion me concernant, dont je ne me souviens plus de la teneur. Elle fut la seule à en rire et se crut obligée de se justifier : "vous savez, nous avons l'habitude de se taquiner". Ah bon ? si tu le dis. Ça me laissa de marbre et nous sommes rentrés dans le bâtiment.
Au bas des marches de l'escalier intérieur, nous discutions justement tous les deux, les autres traînant loin derrière. Nous en arrivons à ce qui nous réunis en cet après-midi et elle dit, en parlant du nombre des ténors : "... nous ne sommes que quatre et demi". La demie, c'est elle, car elle n'est pas toujours là au répétition et elle chante avec les ténors. Fort de cette confidence, je lui dis qu'en fait nous sommes cinq et demi. De fait, quand elle est là, elle tient bien sa place avec son physique aussi haut que large. En lui sortant ça, je me suis dit que je poussais un peu le bouchon loin et qu'elle apprécier cela comme plaisanterie.

Mais, à la pause, à l'occasion d'une reprise de la discussion, alors que je la croyais banale et sans portée, elle me sortit toute une litanie sur ce que j'étais et ce que je n'étais pas. D'après ses dires, je veux toujours avoir raison, ce ne doit pas être facile avec mes enfants, j'interviens toujours pour rectifier ses propos, tout ça dit sur le ton sûr du professeur qu'elle est. Puis elle reparle de l'épisode du bas de l'escalier, ses yeux rougissent et s'embuent. Elle n'a pas apprécié que je plaisante sur elle, en tout cas pas sur son physique. Je lui fait remarquer que nous étions que tous les deux sans témoin, mais comprenant qu'elle en a gros sur la patate (!!) je m'excuse platement. Une façon de lui donner raison, car en fait, c'est elle qui voudrait avoir raison en tout. Or, elle a trouvé plus coriace qu'elle en ma petite personne. Elle joue les victimes, ce que je lui laisse volontiers, d'autant que je ne suis pas l'agresseur.
Tout en écoutant et répliquant à ses propos, je me rends compte qu'avec elle, je me suis mis sur le même mode de communication, usant de la plaisanterie et du badinage. Mais ce n'est pas une chose qu'elle supporte. Encore moins quand on arrive à lui tenir tête.

La suite... tout semble être redevenu normal. Mais je souhaite qu'elle en tire quelques leçons dont celle de la discrétion. Pour ma part, je ne suis pas mécontent de tout ça, car j'ai pu réaliser combien je pouvais rentrer dans le jeu d'une personne et l'y battre à plate couture. Même pas honte que ce soit une femme, même pas. D'ailleurs, avec ce genre de personne, soit on ignore, soit on rentre dedans.
Elle, elle ne s'est pas excusée pour ces plaisanteries foireuses faites devant les autres et je me souviens d'une remarque acerbe qu'elle avait faite à une autre choriste qui essayait de l'aider, au beau milieu de la chorale.

J'étais tout content de goûter au fondant au chocolat.

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