dimanche 28 décembre 2008

Une visiteuse



C'est maintenant devenu un rituel. En fait, cela est un rituel depuis la mort de papa. Avant, on descendait les voir, maintenant, sa veuve est seule et pour les fêtes de fin d'année, elle vient passer quelques jours chez sa sœur à Meyzieu.
Pour Noël, elle est ainsi en famille, elle qui n'a pas d'enfant mais qui s'est occupée de ses trois frère et sœurs et des enfants de sa nièce. Elle y retrouve un de ses neveux, les enfants de F, le climat de Lyon.
Cette année, elle n'est pas venue dans sa voiture, parce que son poignet droit n'est pas encore remis de la chute qu'elle a fait en sortant du cimetière où sont enterrés son frère et sa sœur.
Avant de venir, de monter à Lyon, elle me prévient et nous prenons rendez-vous pour un repas ensemble. Le jour dit, je vais la chercher chez sa sœur, encore plus petite qu'elle, mariée à un G qui a le don de m'énerver depuis mon enfance. Ils sont généralement là tous les deux.
Le rituel peu continuer.
Je fais donc un aller-retour pour un transport.
Invariablement, elle est dans un manteau de fourrure, de la vraie ou de la fausse. Elle bien coiffée, souriante, la bouche recouverte de rouge.
Maintenant, je vois bien qu'elle commence à être fatiguée, qu'elle a du mal à marcher sans être essoufflée, qu'elle n'entend pas toujours ce qu'on dit, qu'elle a moins de répartie.

Elle s'est assise avec nous, les enfants l'ont entourée et noyée dans un tourbillon de paroles, de jeux, de rires, sans jamais lui poser de questions. C'est moi ou ma femme qui posons des questions et écoutons les dernières nouvelles de sa vie. Rien que du banal, mais du vrai. Elle ne se plaint pas des coups du sort, des malheurs de la vie. Elle a toujours fait front, même après la mort de papa. Elle vieillit, les gens qu'elle aime et connaît partent les uns après les autres. Elle reste fidèle aux amis d'enfance de papa et va leur rendre visite quand elle passe ici.
Elle n'a parlé qu'une fois de papa, pour nous rappeler quelque anecdote de leur voyage en Italie.
Elle s'est régalé de la caille et s'en est léché les doigts, comme nous tous.
L'après-midi est passée tranquillement, personne n'a dormi dans un fauteuil. Il faut dire que le barouf des jeunes, certes acceptable, nous a bien diverti. J'aurais bien piqué du nez.
Juste avant de reprendre la voiture, je l'ai entendue siffloter cet air, son air, que je ne reconnais pas mais dont elle use et abuse quand elle est dans sa maison.

Le soleil était couché depuis peu quand je l'ai ramenée chez sa sœur. Nous avons discuté encore quelques minutes, puis je suis rentré par les grands axes au milieu des vacanciers européens.
Nous la reverrons pendant des vacances, chez elle au bord du Luberon.

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