jeudi 19 octobre 2006

Elle passe

Depuis que je travaille dans ce quartier de Villeurbanne, j'ai dû la voir une dizaine de fois.
Elle marche sur le trottoir, d'un pas tranquille et déterminé.
Soit je suis en voiture, soit je la croise, rarement je la suis.

Elle est habillée de vêtements aux couleurs criantes, aux formes évasées vers le bas.
Elle n'est ni maigre, ni grasse.

Ce qui retient l'attention, car sinon je n'aurai rien à en dire, c'est son visage.
Son visage est entièrement caché par un maquillage.
Le fond de teint n'est pas couleur chair. Il est blanc, blanc comme un blanc d'œuf cuit.
Par dessus, elle a dessiné des lèvres rouge vif et bordé ses yeux de noir.
Dans ce masque, on pourrait deviner un menton en galoche.
Une grande casquette coiffe des cheveux dont le surplus dépasse en légères mèches volantes.

Elle est attirante, comme toute personne qui sort de l'ordinaire, attirante non pas d'un désir charnel mais par la singularité de son apparence.

Il m'est arrivé de penser lui adresser la parole. De vouloir discuter avec elle pour entendre le son de sa voix. De soutenir son regard lorsqu'il croise le mien.
Je n'en fais jamais rien, elle m'intimide.
J'aimerais la prendre en photo et partager avec d'autres sa beauté et sa différence.
Je me dis qu'elle a son existence, ses secrets, ses pensées, sa vie.
Elle semble bien seule quand même.

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