mercredi 26 décembre 2007

Composition

La famille, c'est un espace privilégié pour être soi, naturel et libre.
Sauf que non, ce n'est pas toujours le cas.

Je m'en rends bien compte pendant les retrouvailles de Noël, lorsque jeunes et vieux sont assis à une même table.

Au fil du temps, le sujets abordés ont montré les différences et les oppositions qui forcent à prendre position.
L'accord n'est pas toujours le bien venu et plutôt que de se lancer des vannes, on gomme et lisse les aspérités.
Ne rien dire qui puisse défriser l'autre, ne plus parler de ce qui susciterait un désaccord et une prise de bec.
Faire comme si, ou bien se taire.

Ah, comme je n'aime pas ces moments-là.

Du coup, je ne discute pas avec ceux qui pourraient mal prendre ce que je pourrais dire.
Me voilà réduit au silence, cantonné au paraître, affadi de pensées.
Oui, c'est bien ça : affadi.
Parce que le silence n'est pas rempli d'idées. Il est vide, ou presque.
Les pensées restent au raz du sol. Les cailloux n'arrivent pas à faire des ronds dans l'eau.

Neutralité indifférente qui ressemble à une petite mort.

Le regard se tourne vers l'intérieur, perdu pour l'extérieur. Le visage garde un léger sourire décontracté. Le corps est souple, mi-tendu. L'oreille absorbe les bruits des couverts, digère les conversations, se prête au jeu des mots qui glissent sur la nappe. Le souffle s'économise, avare de paroles inutiles. Parfois le diaphragme se contracte pour pousser plus fort un air déguisé en rire bref, entrecoupé d'apnées masticatoires.

Le temps passe, immobile.

Lorsque tout est terminé, la paix éprouvée n'est pas autre chose qu'un manque de contenu, rien d'autre chose qu'un manque de sensation ou de ressenti. Une absence, un non-lieu.

Voilà, c'est passé. Pas de coup de sang, pas d'esclandre, pas de rouge aux joues. Juste du conventionnel, dépourvu de saveur, qui nous permettra de recommencer l'an prochain.

1 commentaire:

Calyste a dit…

Et moi qui rêvais presque quand tu m'as dit que vous êtiez, combien déjà, une quinzaine?
En fait, je crois,je suis sûr que, profondément, je n'aimerais pas non plus.Et pourtant, si c'était comme les Noëls dans les livres de notre enfance...
Ce soir, chez ma mère, je n'ai pas arrêté de sentir mes mains.