jeudi 7 juin 2007

La clef de Saint Georges

Sur la plage abandonnée, je me repose sous le soleil.
Parfois, des bruits sur le gravier me font réouvrir les yeux.
Un mec, deux mecs, des mecs quoi !

En voici un qui est tout nu, portant ses vêtements froissés dans une main.
Rien de transcendant par devant. De dos, le spectacle de ses fesses nues et blanches me fait presque rire. En tout cas, il en a une paire qui semble très ferme.
Il me fait penser à un lapin.

Un peu plus loin, il a dû trouver de quoi s'occuper, car quelques minutes plus tard, je le vois qui va se rincer dans l'eau du lac. Je me demande avec qui il a transformé l'essai et c'est une femme qui a gagné le gros lot. Elle doit bien avoir soixante cinq ans et ressemble à une barrique sur pattes.

Je me rallonge mollement et vois arriver vers moi le monsieur au fessier d'albâtre. Il me demande de lui donner les clés que je trouverai, si par hasard j'en trouvais. Et le voilà reparti en sens inverse, habillé cette fois, à la recherche de ses clés...

Même mon plus proche voisin de plage a été alerté et jette un oeil jusque vers ma serviette. Il paraît que ce sont les clés de son camion et que son patron ne va pas être content.

En retournant au boulot, je rencontre ce même homme, en train de courir comme un dingue sur le bord gauche de la route. En m'entendant, il se retourne et fait le signe de l'auto-stoppeur. Je m'arrête et une assis à côté de moi, tout en sueur, il m'en dit plus. Il a effectivement perdu la clé de son camion, quelque part pendant qu'il marchait. Il a encore du boulot cet après-midi, mais ne sait pas comment joindre son patron.
Je l'emmène jusqu'à son camion, à toute petite vitesse des fois qu'on verrait sa clé sur le sol.
Son engin est garé sur le premier parking à la sortie de l'autoroute. Bon sang ! Il a marché pendant un bon nombre de kilomètres ! Il tient la forme, le bougre.
En attendant, il cherche comment se tirer de ce pétrin et se demande s'il ne va pas téléphoner à sa femme pour qu'elle appelle le patron. En même temps, il est bien conscient que cet endroit est connu pour offrir des occasions de turlutte à qui en veut. Avouer qu'il est là, c'est avouer qu'il cherchait un coup, voir même à tirer un coup.

Le camion est bien à sa place, sagement sur le parking. Cabine et remorque. Je dépose le malchanceux et lui tends mon téléphone pour qu'il puisse appeler quelqu'un. Il le prend et dit finalement ne pas se rappeler du numéro de sa femme. Mouais, je crois surtout qu'il ne sait pas comment expliquer sa présence ici.
Je le laisse donc, il pourra toujours aller au haras tout près.
Juste avant que je parte, une cabine de camion vient reprendre sa remorque. J'avais remarqué cette cabine sur un autre parking. Celui-ci a trouvé un moyen plus simple de se déplacer.

Moralité : si tu enlèves ton froc, fais gaffe à tes clés !

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