samedi 31 décembre 2011

Faire croire

J'étais en train de me désaper lorsqu'il est arrivé. L'ayant reconnu, je me suis légèrement tourné pour qu'il ne me voit pas de face ni de profil. Enfin, je crois bien que c'était "lui", à moins que je ne me sois trompé. Comme il n'y a pas de fumée sans feu, ce devait être "lui" (marque déposée). S'il était là, c'est qu'il en use et peut-être abuse. Je le soupçonnais, mais maintenant j'en ai la preuve.

Je ne sais pas si nous nous sommes croisés dans les coins sombres, en tout cas je ne l'ai pas vu dans les couloirs bondés.
Toujours est-il qu'il était en train de se rhabiller lorsque je m’apprêtais à faire de même. Je me suis mis hors de portée de vue, attendant qu'il s'en aille. Je ne voulais pas de confrontation.
Un téléphone s'est mis à sonner. C'est lui qui a répondu. A la personne qui l'appelait, il expliquait ce qu'il avait fait dans l'après-midi, une histoire de personnes chez qui il était allé et des fuites. Bin voyons ! Il avait passé l'après-midi dans un endroit sombre et rempli de mecs en rut. J'en souriais presque si je ne le connaissais pas. Les mensonges sont monnaies courantes dans ce cas, cacher ce qu'on fait et ce qu'on est est un sport répandu.
J'ai eu honte pour lui, comme j'avais honte quand, dans le temps, je mentais.
"Je suis là dans un quart d'heure." dit-il à sa femme, alors que la musique faisait un petit fond sonore.
Il se recoiffait lorsque je suis reparti de l'autre côté des portes battantes. Et là, juste là, il a levé la tête en secouant les cheveux et, dans la glace, m'a lancé un regard qui d'un seul coup s'est figé, comme s'il m'avait reconnu. J'ai continué, suis allé m'asseoir sur un canapé, le temps de compter jusqu'à vingt.
Il était parti.
J'imagine déjà notre prochain regard, lorsqu'il réalisera que je sais, qu'il sait, que nous savons. Ce qu'il ne sait pas, ce que je ne sais pas. De toute façon, ce sera le silence, comme une négation ou une ignorance.

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