dimanche 21 novembre 2010

Les demoiselles

Pour fêter les deux mois de notre rencontre, mon homme nous a offert un restaurant cher et atypique.
Je ne connaissais pas "les demoiselles de Rochefort", enfin pas comme restaurant. Il paraît que c'est difficile d'y réserver une table, et ce doit être le cas car les salles étaient pleines.
Mon chéri n'a pas voulu que je prenne mon appareil photo, donc je n'ai rien pour illustrer ce billet, et encore moins pour expliquer combien les toilettes sont spéciales puisque je n'y suis pas allé. Là, je m'étonne, mais pas dans le bon sens.

Le rouge est dominant. Tout est surchargé, du sol au plafond. Les lumières sont si tamisées qu'on ne voit guère ce qu'on mange, ce qui est dommage compte-tenu de la présentation que j'ai pu deviner. Tant pis, j'ai préféré plonger dans les yeux bleus de mon homme, spectacle dont je ne me lasse pas et qui supporte la faible luminosité. Nous étions fort heureusement loin de la source de musique et les femmes qui nous entouraient ne parlaient pas trop fort, enfin pas toutes. Elles ont dû bien rire en voyant nos mains qui se retrouvaient sur la table et les rares bisous échangés par dessus le marbre de la table de bistro, mais n'ont rien pu voir de nos pieds qui ne se rejoignaient pas sous la table... de bistro équipée d'une belle barre à cinq centimètres du sol. Tout cela est resté très soft et classe, et le serveur, certainement poilu d'après mon chéri, nous saluait à chaque plat d'un "les garçons" qui m'amusait.

Mon entrée m'a plu, mon plat un peu moins. Je trouve quand même que cette cuisine raffinée est chère et ma chaise n'était pas des plus confortables, ou alors j'y suis resté trop longtemps. Mon homme se délectait de tout, décor et saveur. Je n'ai pas osé lui dire que tout ne m'emballait pas, mais je pense qu'il a deviné. Ne voulant pas le décevoir, je n'ai rien dit. Il était tellement content de m'emmener dans ce haut lieu inaccessible que ç'aurait été idiot de lui montrer une quelconque réticence. Mais je me doute qu'il a dû sentir un bémol chez moi.

Nous avons roucoulé longuement, amoureusement, et j'étais vraiment heureux de me retrouver avec lui après une semaine un peu vide et un homme un peu secoué. Pour montrer mon attachement, je lui avait apporté un bouquet de fleurs vers 13 h, par surprise. Effectivement, il fut très surpris mais imagina immédiatement le pire en pensant que je venais lui dire que c'était fini entre nous. Il est comme ça. Et comme ça, je l'aime. Cette soirée fut donc un moment important pour célébrer ces deux mois de cheminement commun. Comme il avait vendu la mèche au restau, le serveur nous apporta une petite assiette avec une bougie allumée et des bonbons au caramel, tout en chantant "joyeux anniversaire". Il pensait qu'il s'agissait de mon anniversaire... La bougie aurait pu être sur le dessert, mais nous n'en avions pas pris.

Deux mois. C'est court. Lui dit avoir l'impression de me connaître depuis toujours. Ce qui n'est pas réciproque. J'ai passé le cap des questions, je lui fais confiance. J'arrive à vouloir le changer, ce que je ne dois absolument pas faire, ni de front ni par calcul. Il n'empêche que je continue à dire ce que je pense et que nous avons des discussions importantes sur des sujets délicats. On ne dirait pas comme ça, mais il est bien plus sensible que moi et à un spectre de perception plus large que le mien. Je reste admiratif, mais pas envieux, devant sa capacité à réfléchir, à analyser.
Deux mois. Nous sommes loin d'avoir fait le tour de notre relation. Il me demande toujours comment je fais pour le supporter et je lui réponds que je n'en sais rien. Il maintient vouloir vivre avec moi, il persiste à m'aimer, et je ne m'en plains pas, il m'appelle "le chat".
Deux moi. Et cette épée de Damocles, qu'est l'année et demi que dure en moyenne mes vrais histoires. Avec lui, bien des choses sont différentes. D'abord, les expériences passées apportent leur lot de déconvenues et de bonnes résolutions, puis il est si particulier, que je me dis que ça vaut la peine de continuer, vraiment la peine.

Un jour, je pourrai le nommer, mais pour l'instant je préfère garder cela secret. Comme bien d'autres choses. beaucoup d'autres.

2 commentaires:

[Nicolas] a dit…

Si je me souviens bien il est dans le 1er arrondissement sur les pentes. Font-il toujours leur sublime foie gras poêlé servi sur une tranche de pain d'épice maison?

JaHoVil a dit…

C'est exact, il est dans une rue plate des pentes, rue Leynaud.
Pour le foi gras, je crois me souvenir qu'une demi-douzaine de plats en contenait, mais pas sur du pain d'épice. Pour ma part, j'ai pris un carpaccio de foie gras au gros sel sur un pressé d'artichaut à l'huile de (?) qui m'a bien plu.