lundi 15 février 2010

C'est vous !

L'autre matin, je me suis rendu poli (frotte ! frotte ! brille !) et j'ai passé dans le bureau de Mourad pour lui dire bonjour.
Il n'a pas hésité à m'attaquer : "tu sais ce que ta copine m'a fait ?"
Ma copine ??? Qui donc ?
La gardienne de l'immeuble. "J'essaie d'être en bon terme avec tout le monde" (moi). Mais ce n'est pas ma copine, ni mon ennemie.
La gardienne a refusé que Mourad monte son vélo par l'ascenseur, car elle en a marre de se retrouver avec des recommandés de ma boîte dans sa boîte aux lettres. Et le premier à déguster... c'est Mourad. Mauvaise pioche, mais vraiment mauvaise.
Là, je ne prends pas parti, mais je tends à Mourad une baguette pour voir s'il va se taper dessus :
"tu es raciste toi !". Je souris, le regarde et imagine la prise de bec entre la gardienne portugaise et Mourad maghrébin.
Mais il préfère prendre le nerf de bœuf et me lance en tordant la bouche : "ce n'est pas moi le raciste, c'est vous !".

Loin de me sentir concerné, je lui demande "c'est qui 'vous' ?". "Bin, vous, les Français !"

Au moins, c'est honnête, bien que très bête. Je lui demande donc s'il est français, il me parle des délits de faciès dont il est victime dans les administrations. Il ne sait pas s'il est français et voudrait bien qu'on ne le traite pas toujours avec suspicion.
Je lui dit qu'il faut qu'il choisisse, comme moi j'ai choisi d'être français. Et qu'aussi il peut agir pour changer l'image donnée par les maghrébins. Image donnée, image reçue, image biaisée, image déformée.

Notre débat fut interrompu par l'arrivée d'un jeune. Depuis, nous n'avons pas repris la discussion. Mais j'aimerais bien, juste pour comprendre ce qu'il ressent et quelles sont ses valeurs. Il est né ici, il est français sur sa carte, mais il n'est pas chez lui. Pourquoi ? Ce doit être dur à vivre.

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