mardi 31 mai 2005

Départ

MAI 2002

8 heure du matin, Paulette au téléphone : « C’est fini. »

Fini ? Comment ça ? Il allait mieux, il avait retrouvé suffisamment de tonus pour pouvoir partir de l’hôpital. Une place était réservée pour lui dans une maison de convalescence, pas trop loin de sa maison pour que Paulette puisse venir le voir tous les jours, exactement comme elle l’avait fait depuis plus d’un mois.

Fini.

Une infirmière l’avait retrouvé sans vie à 7 heures du matin, alors qu’à six heures il dormait encore.
Il avait attendu le retour du jour pour partir, seul.
Paulette n’était pas là, moi non plus, personne pour lui tenir la main.

Je descends à Aix et vais d’abord chez papa. Personne non plus. Catherine, seule habitante du coin, me renseigne : Paulette est à Aix.
J’arrive à l’hôpital, mais ne réussis à joindre personne.

A mon tour d’être seul.

Je sais qu’il est dans cet endroit si froid, si terriblement froid que son nom même me glace. Il faut y aller, je veux le voir, je veux réaliser.
L’employé de cet endroit m’accueille très gentiment et part mettre en place le corps.
Il me fait entrer dans une pièce sobre au milieu de laquelle se trouve papa sur une sorte de brancard, recouvert d’un drap blanc.
Le froid me transperce.
Son corps est là, mais cette partie de lui si animée m’est invisible.
Je l’embrasse, caresse ses cheveux si doux, lui parle.
Je t’aime, tu sais, je sais que tu sais.
Je sais qu’on se reverra, même si toi tu ne le sais plus.
Les sanglots submergent mes paroles, noyant mes paroles dans un borborygme sourd.

Tu es parti. Je le vois. Je ne suis pas d’accord, mais n’ai pas le choix. Je me sens orphelin sans être abandonné. Pas de révolte, juste cette peine à apprivoiser.

Plus tard, avec Paulette, nous revenons le voir, ensemble. Je voudrais pouvoir encore rester avec lui, mais ce n’est pas possible, d’autres veulent aussi voir un des leurs.
Elle le pleure, lui parles « tu m’avais promis de ne jamais me quitter ». Il est des circonstances qui réfutent les promesses. Lui en veut-elle ? Je l’admire. Elle est bien plus seule que moi, elle devra continuer sa route sans son compagnon.

Une vie s’est achevée, il est parti sans retour. Il vit encore en moi et en beaucoup d’autres.

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