lundi 3 mai 2010

Ad patres

Aujourd'hui avait lieu l'enterrement d'un homme, apprécié de ceux qu'il côtoyait et auxquels ils rendaient bien des services, aimé et aimant femme et enfants. Il y avait bien longtemps que je ne l'avais pas vu et encore plus que je ne lui avait pas parlé.

Et pourtant, nous avions quelques points en communs en plus de la rue dans laquelle nous habitions tous les deux. C'est à cause de l'un d'entre eux que j'évitais de le rencontrer. Ai-je eu raison ou tord ?

A cinq ou six ans de là, je l'avais vu faire du vélo dans ces lieux de drague immergés dans la verdure. D'abord, j'avais hésité à le reconnaître, puis l'ayant aperçu plusieurs fois , même de loin, je m'en étais convaincu. C'était bien lui.
Une fois, la dernière si je me souviens, nous nous sommes croisés de très près, lui sur son vélo et moi à pied. En passant à côté de moi, il me dit "bonjour J...".
Je fis le sourd, je ne me retournai pas et poursuivis.

Il m'avait reconnu et, compte-tenu de l'endroit, savait que je savais que nous savions.
Seulement, je ne voulais pas parler de nos situations respectives, cela aurait été trop gênant pour moi car trop proche. J'ai pensé que le silence valait mieux. Ai-je eu raison ou tord ?

Mais je ne saurai jamais ce que lui en a pensé, ni pourquoi il m'avait adressé la parole à ce moment. Peut-être avait-il besoin de parler ? Je ne lui prêtais aucune mauvaise intention. Aucune autre occasion ne s'est présenté depuis lors, je ne l'ai vu que rarement ensuite.

Il est parti avec son secret. Que je garde pour moi.

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