jeudi 26 août 2010

De là et d'ailleurs

Il avait un beau sourire, en rien gâché par des lunettes de soleil que je trouvais trop grandes, mais qui dissimulaient le vert léger de ses yeux.
De loin, il m'avait gratifié de ce rayon de soleil, accompagné d'un hochement de tête, sans que j'en sache la raison ou l'intention. Il avait jeté son maillot de corps sur l'épaule et filait d'un pas tranquille, une petite sacoche en bandoulière, sans s'arrêter.
Je le suivis des yeux, puis décidais d'aller couper sa route. Ce qui arriva juste après qu'il eut fini de pianoter sur son téléphone.

La conversation fut facile a entamer et je pus profiter de son sourire, non sans oublier de le féliciter pour cela. Son caleçon dépassait largement de son pantalon qui descendait bas sur les hanches. Son prénom était d'origine arabe, et il me le précisa lui-même, comme une excuse ou une prévention. Je m'en doutais. Je voulu savoir ce que signifiait ce slip si visible. Mais je n'obtins pas de réponse argumentée, sinon que nous étions en 2010.

Une fois sa cigarette allumée grâce à l'allume-cigarette de ma voiture, il me fit part de ses difficultés à vivre car il ne trouvait pas de travail. Il pensait se mettre en auto-entrepreneur et si ça ne marchait pas, il rentrerait au pays. "Tu es né ici ou là-bas ?". "Ici". Mais il pense que son pays est là-bas. Là-bas, l'herbe serait-elle plus verte ? Verte comme ses yeux. Il est pourtant jeune, pourquoi ne choisit-il pas son pays ici ? Pourquoi ne choisit-il pas ? La France ne lui convient pas, et je me demande ce qui a pu lui donner ce sentiment.

Après un échange amical, une demande de tuyau sur java pour moi et une photo de son torse fabuleusement jeune, il me dit "mon ami, tu n'aurais pas un ou deux euros pour me dépanner ?". Surpris, je lui répondit non, par réflexe. Je le regrettais immédiatement, peu convaincu d'être déjà son ami, mais il me sourit encore puis je le regardais partir et s'enfoncer dans le sous-bois.

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