mercredi 15 juillet 2009

Le refuge du carro

Nous avons passé deux jours dans la Vanoise, dormant une nuit au refuge du Carro, en compagnie de mes beaux-parents, de mon beau-frère et de sa femme, et de ma femme et mes deux fils.

Le refuge du Carro est situé sur un plateau de roches granitiques à 2760 m, dans le parc national de la Vanoise. En partant d'un parking à 2476, par le chemin dit du "balcon", il faut quatre heures de marches pour atteindre le chalet bâti tout en pierres. Ce chemin permet de bénéficier d'une très large vue sur une multitude de sommets et de glaciers, dont je ne connais pas les noms.

Nous avons retrouvé tout le monde à l'heure dite, et bien couverts, nous avons attaqué la
grimpette. Ce fut plutôt difficile comme départ, nous faisant souffler et douter de notre capacité de randonneur. Nous avons pu manger à l'abri de gros blocs rocheux, le vent du nord soufflant lui aussi. C'est là que nous avons pu admirer des edelweiss, fleurs discrètes et veloutées. Bien d'autres fleurs tapissaient littéralement les pelouses. Les plus reconnaissables et les plus répandues sont les gentianes printanières, très souvent en bouquet de plusieurs étoiles d'un bleu profond. Les moins fréquentes, puisque j'en ai vu qu'à deux endroits, sont les grosses gentianes bleues à grosses cloches. Puis une ou deux grandes gentianes jaunes. Des fleurs jaunes ou blanches s'étalaient de toute part, donnant une constellation de points de couleurs.
La marche n'en finissait pas et, pour donner du piquant à nos pas, des névés coupaient fréquemment la piste. Si cela était possible, je préférais marcher en dessous dans l'eau qui s'en écoulait. Sinon, il fallait
traverser dans la neige glissante et plus vraiment immaculée suite aux nombreux passages de marcheurs.
Parfois, les névés recouvraient l'eau des ruisseaux qui disparaissait dessous et diminuait le bruit permanent de chute d'eau. Dans les endroits les plus mouillés, des ponts de pierres judicieusement placées permettaient de passer en équilibre. A d'autres passages, c'était au gré du marcheur de trouver un chemin de pierre en pierre. Plus rarement, on pouvait passer sur un beau pont de planches supportées par un cadre de fer, sous lequel un flot impétueux rageait d'un bleu limpide de rocher en rocher.

Mais notre groupe
était bien trop hétérogène pour pouvoir rester ensemble. Les lus jeunes ont patienté longtemps, puis ont finalement filés. Avec ma femme, nous avons terminé presqu'ensemble, arrivant quelques minutes avant elle. Par contre, les grands-parents, 80 et 81 sont arrivés alors que nous mangions notre soupe ! Mais ils sont arrivés ! Ils étaient bien sûr assez fatigués.

Au refuge, nous avons échangé nos chaussures contre des chaussons, dont j'avais apporté ma paire. J'ai pris mon lit en haut d'un gigogne d'une chambre de quatre, ma femme étant dessous. Un autre couple, jeune, occupait les deux autres lits. Ils venaient de prendre leur douche et étaient frigorifiés. Je décidais donc de me passer de douche. J'avais faim. Nous avions une grande table de neuf dans le réfectoire plein à craquer. Les conversations allaient bon train et le volume sonore était juste acceptable. Les visages étaient, pour la plupart, bronzés et parcheminés. Le repas a débuté avec une soupe de petits pois à la menthe, puis un bœuf bourguignon et sa polente, suivis d'un plat de crudités. Mon ventre a dû faire une place au gâteau à l'ananas. Les grands-parents sont vite partis se coucher et je les ai suivi, sans attendre le verre de génépi.
Alors que j'attendais aux wc, je fus pris d'une véritable crise de grelottements, comme si j'avais extrêmement froid. Je renonçais à pisser pour aller à mon lit. Je tremblais de tout mon corps sans pouvoir me maîtriser. Pourtant je ne me sentais pas avoir froid. Cela a duré plus de dix minutes, jusqu'à ce que je me couche. Ça a fini de m'achever. Je me suis quand même lavé les dents puis je me suis faufilé presque tout habillé dans le sac à viande, sous la couette et une couverture. Avant que j'ai pu mettre les bouchons d'oreille, la jeune femme entra dans la chambre où son compagnon était déjà et se mis à dire très fort : "Oh putain ça pelle !". J'étais assez d'accord avec cette impression et son copain lui chuchota que j'étais déjà couché. Je l'entendis chuchoter à son tour combien elle était désolée, au moins une demi-douzaine de fois. Je mis finalement les bouchons après le passage de Je² qui cherchait de l'aspirine. Et puis... plouf ! jusqu'à ce que je me batte avec la chaleur comme dans un cauchemar. Vers trois heures du matin, j'ai pu dégager la couette, la couverture, les autres couches, pour me retrouver en t-shirt. Un super mal de tête et une gentille envie de pisser me forcèrent à descendre de mon nid d'aigle et je réveillais ma femme pour lui demander, moi aussi, de l'aspirine. J'allais l'avaler aux wc où je pus me soulager tant du côté de la vessie que de la surchauffe. Mes pieds ne tardèrent pas à être glacés par le béton, et ce fut la première fois où je fus aussi content d'avoir les pieds gelés dans mon lit.
Ce fut le réveil du voisin qui me réveilla à 7 heures. J'attendis que ma femme vienne me chercher, puis je fila me laver à l'eau glacée de la douche.

La salle commune était moins pleine que le veille au soir bien que quatre cyclistes allemands fussent nouveaux. De bien beaux gars avec des voix très graves. Le petit déjeuner lentement avalé et la note payées, nous sommes repartis.

Le retour fut plus rapide, même si nous avons attendus les grands-parents, plus d'une heure et demi, pour manger. Les pentes herbues étaient toujours aussi fleuries mais le vent du nord soufflait bien plus fort et de face, nous forçant parfois à nous arrêter et à lui tourner le dos. Les nombreux moutons s'éparpillaient pour brouter, remplissant l'air de grelots, de bêlements et d'odeur de crottins. Parfois, par chance ou persévérance, on pouvait voir des marmottes. On pouvait même les entendre siffler très fortement. Mais pas question de les approcher, et dès qu'on essayait, elles repartaient en montrant leur queue épaisse levée vers le ciel. Je n'ai pas eu la chance d'en voir de très près, mais quelques photos sont assez précises.

Nous fûmes très contents de nous retrouver au parking après une descente des plus
éprouvantes. Nous nous changeâmes et je remis mon short. Nous fîmes halte au village de Bonneval, dont les maisons de pierres sont couvertes de lauzes très épaisses. La chaleur étouffante de ce dimanche de juillet nous rappela que nous étions bien dans la fraîcheur de la montagne, même si j'avais dû garder mon bonnet tout du long.

Encore trois heures de route avant de pouvoir prendre une bonne
douche et de regarder les 850 photos de ce samanche en montagne. J'en garde une très bonne impression, heureux d'avoir pu marcher dans un si beau paysage avec ma femme et mes fils. Hormis l'épisode de la nuit, tout fut très sympa.
A neuf heure, je dormais. Il fallait absolument reprendre des forces pour pouvoir assurer le feu d'artifice du lendemain.

2 commentaires:

Tron a dit…

Malgré l'épisode de la nuit, avec le reportage photographique (où sont passées les 738 photos(850-112))cela donne envie de faire cette excursion!

JaHoVil a dit…

Oui, la nuit fut spéciale pour moi.
Les photos sont en cours de chargement sur Flickr, c'est long mais elles arrivent.
Soit patient, Tron :)