lundi 10 octobre 2005

Pique-nique

Contrairement à ce que pourrait suggérer le deuxième mot, ce fut très très sage, quoique chaud parfois.

La météo avait promis du beau temps, je t'ai proposé un pique-nique à deux au parc.
Tu as accepté, alors que je crois que tu aurais aimé rester chez toi pour faire l'amour.

En arrivant dans ton appartement vers midi, j'avais cette envie forte de t'embrasser, je l'ai fait quand tu m'as attiré à toi sur le divan. Bien sûr tu as bandé, moi aussi et j'ai bien failli aller plus loin. Tu n'attendais que ça. "Salaud !", m'as-tu soufflé. Je l'admets.

Tu as sorti le jambon et le pâté de tête du frigo, me demandant si cela me convenait. Bien sûr, car j'aime tout ce que tu aimes.
Tu as fourré les yaourts dans ton sac, avec la bouteille d'eau, le couteau, les cuillères. Le pain a failli rester sur la table...

Nos rollers aux pieds, nous sommes partis. Dans la rue, j'avais l'impression que tu faisais la tête.

Le parc est tout proche, nous avons traversé une zone de travaux avec précaution, puis remonté les allées presque désertes. Le soleil était pourtant bien là, après le brouillard du matin. Des coureurs passaient, les biches puaient, la pelouse étaient vide.

Tu as proposé de manger vers le vélodrome. Nous nous sommes installés au bord du lac, sur un banc vert mi-ombragé.

Le sac de victuailles entre nous, j'ai coupé le pâté et le pain, ouvert le jambon que tu avais sorti. Des coureurs en short venaient régulièrement passer devant nous, nous tirant des réflexions d'ordre esthétique. J'adore pouvoir te dire ce que je pense des autres mecs, et j'aime entendre ton opinion qui n'est pas la mienne. Un partage qui me fait du bien, me donnant l'impression de ne pas être seul à voir et ressentir.

Nous avons mangé et ri, j'ai essayé de chasser une guêpe insistante, tu m'as embrassé.

Le repas fini, nous avons fait le tour du lac, pris de photos, râlé l'un et l'autre pour une histoire de centauresse et de faune. Tu as même ressorti le pain du sac pour attirer un écureuil pour que je puisse le photographier. Il a fait mine de revenir, puis s'est éclipsé au moment ou j'appuyais sur le bouton...

Le café nous a de nouveau réunis, assis au bord de l'eau, encouragés par les cancans des canards. Je n'ai pas fini ce café trop fort et amer pour moi. En entendant l'heure donnée par le serveur, tu as réalisé que nous ne retournerions pas ensemble chez toi. Tu l'as juste constaté, sans jugement. "On va voir les travaux ?".

La mise en place de la savane africaine avance. J'ai suivi tes roues, pestant contre les graviers. Nous avons contemplé les couilles des népenthes à travers les vitres de la serre, ce qui nous a fait penser aux tiennes, toutes neuves et si petites.

On s'est quittés sur le trottoir du lycée, tu voulais m'embrasser mais je t'ai dit qu'on était trop près de mon boulot. Je regrette, je regrette ces gestes à dissimuler. Je hais la dissimulation.
Un baiser de loin, te voilà reparti, les yeux lumineux. Mes patins filent tous seuls, plein d'énergie nouvelle.

Nous savons toi et moi que demain est déjà là. Demain a déjà commencé.

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