dimanche 4 septembre 2005

Rendez-vous là-bas

Premier juin 2002, Aix-en-Provence.

Ma femme et mes enfants arrivent à la gare TGV d'aix. Bien belle cette gare.
Un de mes fils n'est pas venu, il avait un engagement prévu depuis longtemps. Son absence est un crève coeur pour moi.
Dans la voiture, je leur donne les dernières nouvelles, et j'explique ce qui est sensé se passer au cours de cette journée. J'essaie de préparer les enfants à cette confrontation douloureuse avec la mort et la souffrance de la séparation.

Tout doit commencer par la célébration des funérailles de papa.

Papa avait une dent contre l'Eglise. Mais je n'en sais pas la raison réelle. Il avait été en institution religieuse et n'en disait rien de mauvais. Il respectait les "croyances" des autres, et je ne l'ai jamais entendu pester et dénigrer.

Avec Paulette, nous avons préparé cette célébration la veille, et pour chaque instant, je lui demande ce que papa aurait approuvé. Il aurait tout approuvé.

Je gare la voiture dans le sous-sol payant de l'hôpital, elle sera au frais pour cette matinée qui s'annonce très ensoleillée.
Nous retrouvons Paulette et sa famille au funérarium.
Paulette est bien entourée, mais je sais qu'elle est intérieurement écroulée. Je n'en suis pas loin.

Le cercueil est dans la pièce, non fermé. Choc pour moi de revoir papa, choc que mes enfants le voient et en même temps approbation. La mort ne doit pas être masquée.
Le cercueil est ensuite cellé. Le prêtre arrive. La célébration va commencer.
Bougies, portrait de papa sur le cercueil.
La petite pièce est vite trop remplie. Que de personnes !!!

Ma demi-soeur est là, mon demi-frère aussi.

Les gestes et les paroles se succèdent, je pleure.
Le prête dit les bonnes paroles, je suis soulagé.
Nous écoutons la vie en rose et l'avé Maria que papa aimait tant chanter.

Voilà, c'est déjà fini.
A l'extérieur, je retrouve ceux qui sont venus pour papa et pour Paulette. Je n'en connais pas beaucoup. Ces gens qui pleurent et racontent certains événements qui les ont marqués me touchent beaucoup. Papa avait su se faire aimer de toutes ces personnes. Et cela me fait du bien, complète l'image que j'avais de lui.

Papa ne voulait pas être enterré mais incinéré.
Le cortège de voitures suit le corbillard pour un trajet jusqu'à Manosque où se trouve le crématorium. Je suis calme et tranquilisé. Pour moi, le plus important est passé.
Le soleil tape fort.
Nous devons attendre dehors puis dans la chapelle en béton.
Pas de discours, pas de geste. L'attente est celle d'un hall de gare, anonyme.
Peu de gens ont fait le déplacement, ce qui est normal.
On nous invite à entrer dans une petite pièce au fond de laquelle est suspendue une télé.
Le cercueil entre dans la fournaise, Paulette pleure, j'ai mal au coeur.

Nous suivons ce que papa souhaitait pour ce moment : personne ne doit être là, personne.
Alors nous repartons.
Je me sens apaisé, avec cette impression que tout est accompli.

Le repas rassemble les plus proches et se passe à raconter ce que papa aimait ou n'aimat pas faire. Que de souvenirs qui ne m'appartiennent pas tous.

Je remène ma femme et les enfants à la gare TGV, je reste plusieurs jours encore avec Paulette pour faire les démarches administratives.

Et déjà je me demande ce qu'il restera de tout ça dans quelques années, ce qu'il restera du passage de papa. La réponse, je l'ai déjà.
J'arrive à voir ses traces en moi.

"Quand il me prend dans ces bras" ce sont ceux de mon père, je crois bien que je l'aime.

2 commentaires:

Jean-Marc a dit…

C'est bouleversant...
J'en ai les larmes qui roulent sur les joues...Je redoute tellement ce pénible événement. C'est ce qu'il y a de plus douloureux de vivre au loin des siens...on a peur de manquer les instants de bonheur. L'important est déjà de savoir les reconnaitre quand ils se présentent...Ce que j'ai fait en passant deux mois en France tout récemment.

JaHoVil a dit…

Le temps passe et rien n'est éternel (enfin, pas comme ça).
C'est souvent lorsque les choses sont finies qu'on les regrette.
Alors, oui, on doit profiter et aimer chaque jour.