Bube oder Mädchen ?
Lorsque j'étais en quatrième ou en cinquième nous faisions des échanges entre collèges. Un en France, un en Allemagne. J'aimais la découverte, l'inconnu, la nouveauté, la liberté aussi.
C'est lors d'une de ces semaines passées non loin de Frankfurt sur le Main que je fis ma première expérience du baiser avec la langue. Avec des filles.
Un jour, je me baladais dans une fête foraine locale, avec manèges, baraques, fanfare en musique.
Alors que j'achetais une friandise quelconque à une de ces femmes grasses et blanche, elle me demanda "Bist du ein Bube oder ein Mädchen ?".
Plusieurs choses se percutèrent simultanément dans mon esprit. D'abord comprendre ce qu'elle me voulait. Ensuite, réaliser que ça n'avait rien à voir avec ce que j'achetais et que sa question me concernait. Et je ne comprenais pas tous les mots de la phrase, peut-être lui ai-je fait répéter pour saisir tous les mots et gagner du temps. De fait, je ne compris que "Es-tu un ... ou une fille ?".
J'en fus meurtri qu'on puisse me demander ça. Quelle impolitesse ! Et qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire si elle ne savait pas distinguer.
Ne comprenant pas le premier mot, je choisis de nier le second que je comprenais, et j'ai donc répondu "kein Mädchen", ce qui la satisfit.
Je sais bien que mon apparence d'alors était tout à fait indifférenciée. L'époque le voulait avec les cheveux mi-longs que nous avions tous, filles et garçons. Et puis, je n'avais pas de référence masculine sous les yeux pour me servir de modèle. Et fin de compte, je ne m'en souciais pas du tout. D'ailleurs, cet scène n'a été dérangeante que peu de temps. Pourtant elle me revient aujourd'hui.
Depuis, j'ai travaillé mon image, celle que je donne aux autres, surtout celle que j'ai de moi.
Depuis, je n'ai plus besoin de nier pour me positionner, je choisis ce que je suis.
Pour le reste, je marche.
1 commentaire:
Je confirme. Et vite, en plus. On a du mal à le suivre!
Bonne nuit, J.
Enregistrer un commentaire