Le vélo et la voiture
La pluie a finement goutté toute la journée, pour, une fois le jour au déclin, laisser la place à ce ciel tendu de robe d'archange.
Il a pris un vélo sur une des bornes en presque libre-service, en haut de la colline.
Il a pris sa voiture dans le sous-sol de son boulot, coincée entre deux piliers de béton gris.
Les retrouvailles sont encensées par un magret de canard barbotant dans sa graisse.
Oeil rieur, yeux coquins. Baisers furtifs, mains câlines.
Les endives citronnées font place au fromage, remplacé par le café et le chocolat au caramel.
"Tu es bavard". Devant le flot ininterrompu de paroles, cette évidence ne peut être niée. Un besoin de partager, de se dire. Un prétexte pour se dissimuler derrière un rideau de mots, une cataracte de sons.
Les yeux dans les yeux, si proches que le regard se trouble, n'osant loucher.
Si proches, que les peaux se collent, se frottent, se complètent.
Comme le temps est compté, l'épisode sera bref, intense, nouveau. La routine n'est pas encore lovée, la découverte reste invitée.
Le départ se déroule en plusieurs paliers, sorte de stations d'un chemin qui sera repris demain, ou un autre jour. Le hall, les escaliers, le trottoir, et enfin la voiture. Et même lorsque le coin de la rue est tourné, le piéton et le conducteur ont ce sourire de Joconde.
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