jeudi 2 juin 2005

Petit papa

Juin 2002 (deux milles deux).

Comme dans une chanson enfantine, la vie, la mort nous impose des passages obligés.

Petit papa, c'est aujourd'hui ta fête,
Maman m'a dit que tu n'étais pas là.
J'avais des fleurs pour couronner ta tête
Et un bouquet pour mettre sur ton cœur.
Petit papa, petit papa.

Même maman n'est pas là, c'est dire !

Je ne veux pas rater cet instant qui ne se reproduira pas. Je veux le vivre, sans me passer à côté.

Il faut préparer l'adieu que nous allons te faire, petit papa.
Paulette et moi suivons le déroulement proposé pour le funérailles dans un livret catholique assez accessible. Nous choisissons les textes et les gestes.
Est-ce que papa aurait approuvé ou désapprouvé ? Avant tout je souhaite lui être fidèle. Et ne pas bâcler. Prendre le temps, ce temps qui appartient au passé.

Nous contactons un prête de la paroisse dont dépend le funérarium. Dans la sacristie de son église fraîche et sombre, remplie de livres comme chez un bouquiniste, il nous pose des questions sur papa qu'il ne connaît pas. Qu'aimait-il faire ? Comment était-il ? Qu'elle a été sa vie. J'écoute Paulette répondre. Il y a tant de choses à dire. Je découvre encore des aspects inconnus de mon père. J'admire sa femme qui se souvient de tant de détails.
Le prêtre fait la synthèse de ce qu'il a compris, nous arrêtons un déroulement, fixons les textes à lire, les chants. La cérémonie aura lieu au centre funéraire. Le matin.

Je crois que papa aurait aimé.

En imaginant le cercueil et nous autour, je cherche un moyen de masquer le vide que nous sentirons tous, et moi en premier. Nous mettrons donc une photo de papa.
Paulette en a quelques unes. Tiens, celle-ci avec le chat est assez belle. Elle nous aidera à le revoir, à faire un lien entre lui et rien.

Parce que papa a voulu qu'ensuite il n'y ait plus rien de lui. Il a écrit quelques années auparavant un petit mot disant qu'il devrait être incinéré et ses cendres dispersées en dehors de la présence de ses proches. Nous ferons exactement comme il l'a écrit, même si je ne comprends pas tout. Je ne me pose même pas de question, ainsi en sera-t-il.

Nous serons là pour te dire adieu.